Pour les scientifiques, chauve-souris et pangolin, demeurent aujourd’hui les deux seules espèces animales hébergeant des coronavirus très proches du SARS-CoV-2.
Le pangolin, appelé aussi « fourmilier écailleux », vit en Asie du Sud-Est et en Afrique. C’est un mammifère à petite tête et longue queue. Sa langue, plus longue que son corps, (elle peut atteindre 30cm chez le pangolin géant) lui sert pour se nourrir d’insectes, le plus souvent fourmis ou termites. Le pangolin sort la nuit, il a un excellent odorat mais la vue basse.
A l’origine du Covid-19, le Pangolin
Début février, des chercheurs de l’Université d’agriculture du sud de la Chine ont identifié le pangolin comme un possible « hôte intermédiaire » ayant facilité la transmission du virus.
Après avoir testé un millier d’échantillons provenant d’animaux sauvages, les scientifiques ont déterminé que les génomes de séquences de virus prélevés sur les pangolins étaient à 99 % identiques à ceux trouvés sur des patients atteints du nouveau coronavirus.
A l’origine cependant, il y a la chauve-souris, « animal réservoir » qui héberge un virus sans être malade et peut le transmettre à d’autres espèces. Pour se fixer sur les récepteurs humains, le virus de la chauve-souris a du passer par une autre espèce, appelée « hôte intermédiaire », le pangolin.
Parlons un peu de la chauve-souris
Des chercheurs de l’Université de la Californie ont constaté que le système immunitaire des chauves-souris est si efficace que les virus qui infectent l’animal n’ont d’autre choix que de se reproduire à tout va pour essayer de survivre. Et ces virus vont causer des ravages s’ils passent à une autre espèce vivante, comme l’humain, dont le système immunitaire est loin d’être aussi performant.
Ainsi, des problèmes de santé tels que le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), le MERS-CoV (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), l’Ebola, et le Covid-19 semblent souvent passer par la chauve-souris avant d’arriver à l’humain.
Quand elles sont stressées (pourchassées), les chauve-souris rejettent plus de virus dans leur salive et leurs excréments, multipliant les risques de transmission à une autre espèce.
Il faut savoir que depuis plus d’une dizaine d’années, 75 % des nouvelles maladies émergentes affectant l’humain sont d’origine animale. Et selon l’Institut Pasteur, l’hypothèse d’une zoonose (maladie transmise par les animaux) est donc privilégiée.
Les chinois raffolent du pangolin
La chair délicate du pangolin est très prisée par les chinois. Sur les marchés du sud du pays, porcs-épics, tortues, serpents, salamandres ou pangolins se vendent bien et cher. Dans cette région de Chine, une tradition culinaire appelée « ye wei » ou «saveur sauvage» vante les bienfaits sur la santé de la consommation d’animaux sauvages.
Le pangolin est, en principe, une espèce protégée, mais un vaste réseau dans toute l’Asie du sud-est en fait le commerce de contrebande. Il s’en vend des milliers chaque année.
Dans les échoppes de Honk-Kong, les écailles frites de pangolin se négocient à prix d’or : 50 à 70 euros les 40 grammes. Il faut dire qu’en Médecine Traditionnelle Chinoise, ces écailles sont utilisées pour soigner de multiples affections, de l’acné au cancer en passant par l’impuissance.
Quant à la chair de pangolin, qui, aujourd’hui, se consomme sous le manteau, affichée sur des menus tenus secrets, les cuisiniers chinois disent la préparer fricassée, en soupe ou en ragoût. « Mais, ajoutent-ils, c’est braisés dans la sauce soja que les pangolins ont le meilleur goût ».
Les chinois auront du mal à changer leurs habitudes du jour au lendemain. Le pangolin demeure l’animal le plus braconné au monde : bien que son commerce soit interdit depuis 2017, entre 500 000 et 2,7 millions sont capturés chaque année dans les forêts africaines pour terminer en Asie…