Le corps est une sentinelle. Il nous prévient : « Attention, dit-il, il existe un conflit, psychologique ou physique et si nous passons notre chemin sans nous arrêter, la maladie aura la part belle ». Nos douleurs sont évidemment, d’abord, des messages d’alerte.
La douleur est à l’origine de prés de 2/3 des consultations médicales partout dans le monde. Selon l’IASP (Association internationale pour l’étude de la douleur) « c’est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans ces termes ».
Pour évacuer la douleur, la sortir de notre corps, il faut d’abord la quantifier. Bien que la douleur soit subjective puisqu’elle repose sur un ressenti personnel, il existe des outils pour la caractériser et l’évaluer. Des questionnaires et des échelles de douleur permettent d’en décrire les symptômes, d’en mesurer l’intensité et l’impact sur la qualité de vie.
Pour les adultes, l’échelle la plus utilisée est l’échelle numérique, graduée de 0 pour une absence de douleur, à 10 pour la douleur maximale imaginable.
Ensuite on pourra la localiser, puis la visualiser. Se représenter cette douleur comme un objet dont nous pourrons nous débarrasser. Ainsi nous procéderons à une réparation symbolique qui amènera un soulagement réel.
Grâce à l’externalisation on arrive à diminuer la perception de la douleur, on la rend supportable, puis on l’élimine.
L’objectif de l’externalisation de la douleur
Un seul but dans cet apprentissage : oser le face à face avec sa douleur, la définir, et initier un début de changement de sa perception, un début de détachement émotionnel. La douleur peut enfin être identifiée, voire quantifiée au niveau cérébral. Nous arrivons à traduire en images les liens étroits entre douleur et émotion.
Le cerveau a la capacité de faire, défaire, créer et organiser les différents réseaux de neurones et leurs connexions. Il peut établir un dialogue avec le corps, avec les zones en souffrance. De la même façon il peut nous aider à trouver les ressources intérieures les plus appropriées afin d’accélérer les processus de réparation et de régénération cellulaire.
A force d’entendre que l’on doit accepter sa douleur, la traiter en amie presque, le patient souvent, baisse les bras, adopte une philosophie de résignation.
« Comment voyez-vous votre tumeur ? » ai-je demandé à Aurélie lors d’une séance à mon cabinet.
« Oh, je crois qu’elle est mignonne, blanche, légère comme un cocon », m’a-t-elle répondu avec un sourire tendre.
Cette battante, femme forte qui a lutté pour les siens, qui s’est battue pour se faire une petite place au soleil, a tellement intégré sa tumeur qu’elle ne sait plus trop où la localiser, et ne sait pas du tout la visualiser, la ressentir ailleurs que dans ses symptômes, quotidiens, invalidants.
Entrez en rébellion, ne vous enfermez pas dans votre douleur, ne vous tolérez pas amoindri, diminué. Ne laissez pas la souffrance vous voler votre liberté.
Apprenez à vous relâcher, à déconnecter le conscient et l’inconscient des interférences corporelles, faites appel à toutes vos ressources pour sortir définitivement de cet emprisonnement pervers.
« La pathologie, explique le docteur Jean-Marc Benhaïem, praticien au centre anti-douleur de l’Hôpital Ambroise Paré à Boulogne, s’entretient parce que la personne se met au centre et ainsi elle ne peut que s’aggraver ».
Marie Janneau, 64100 Bayonne, 05 59 59 40 76.