Les yeux des surfeurs : entre éclat du soleil et pièges invisibles

L’océan attire, fascine, libère. Mais pour les surfeurs, chaque session est aussi un face-à-face avec des éléments capables de fragiliser un sens précieux : la vue. Soleil brûlant, sel mordant, vent sec, micro-organismes invisibles… Ce cocktail, répété jour après jour, finit par laisser des traces.

La lumière, ennemie silencieuse

En mer, les rayons UV frappent deux fois : par le ciel et par la réverbération de l’eau (jusqu’à 30 % de réfléchissement). Jusqu’à 80 % des surfeurs déclarent des irritations oculaires régulières, même par temps nuageux. Des études auprès de surfeurs australiens et californiens montrent que 40 % ont déjà souffert d’épisodes de conjonctivite après des sessions en mer agitée ou polluée.

En France, les retours de clubs côtiers indiquent que les problèmes oculaires sont un motif fréquent de consultation médicale, surtout l’été et lors des compétitions.

Les complications possibles 

Kératite actinique : inflammation de la cornée, douloureuse comme un “coup de soleil” des yeux.

Pterygion : membrane fibreuse qui envahit peu à peu la cornée, surnommée «  surfer’s eye ». Il apparaît au coin interne de l’œil, et progresse jusqu’à recouvrir toute la cornée. La personne ressent surtout une irritation et une gêne dans l’œil, comme un grain de sable qui ne veut pas partir. Le réflexe étant de se frotter les yeux, ce symptôme s’accentue et s’accompagne de rougeurs locales, puis de sécheresse oculaire liée à l’irritation.

Vieillissement prématuré du cristallin, menant parfois à une cataracte précoce.

Sel, sable et micro-vie marine

Chaque chute est un choc microscopique pour les yeux : grains de sable, sel hyperconcentré, micro-algues ou bactéries rentrent dans l’œil. Les conséquences vont de la simple rougeur à la conjonctivite infectieuse, avec un risque accru après de fortes pluies ou en zones polluées. La sécheresse oculaire s’installe aussi à force de sessions prolongées.

Vent et embruns : l’usure quotidienne

Le vent accélère l’évaporation du film lacrymal, laissant la cornée moins protégée. Mélangés aux embruns salés, ces micro-agressions peuvent provoquer :

  • Des picotements persistants
  • La sensation de sable dans l’œil
  • Une vision trouble temporaire en fin de session

Les signes qui doivent alerter

  • Une rougeur qui persiste au-delà de 24–48 h
  • Une hypersensibilité à la lumière
  • Un larmoiement excessif ou, à l’inverse, une sécheresse marquée
  • La douleur ou la baisse de vision

Dans ces cas, un avis ophtalmologique rapide est indispensable.

Prévenir pour mieux surfer

Avant la session, quelques précautions

  • Lunettes de surf polarisées flottantes, protection UV400
  • Verres enveloppants pour limiter vent et projections
  • Hydratation régulière : Larmes artificielles
  • Éviter les spots pollués ou juste après de fortes pluies

Pendant la session

  • Garder ses lunettes sauf en conditions extrêmes
  • Limiter l’exposition entre 11 h et 16 h

Après la session

  • Rinçage abondant à l’eau douce
  • Larmes artificielles pour apaiser la cornée
  • Hygiène stricte des mains et des serviettes

Les soins possibles en cas de problème

  • Collyres anti-inflammatoires pour réduire la douleur et l’inflammation
  • Antibiotiques locaux si infection confirmée
  • Chirurgie pour retirer un pterygion envahissant la pupille
  • Suivi ophtalmologique régulier après 35 ans ou en pratique intensive

Les astuces de pro

  • Deux paires de lunettes : foncées pour plein soleil, teintées claires pour météo couverte
  • Casquette ou surf hat pour réduire l’éblouissement
  • Trousse “premiers secours oculaires” dans le sac (sérum physiologique, compresses stériles, larmes artificielles)
  • S’informer sur la qualité de l’eau avant de surfer

Conclusion

Les yeux sont la boussole du surfeur : il en a besoin pour lire l’océan, anticiper la vague, rester en sécurité. Pourtant, l’océan n’est pas tendre avec eux. Comprendre les risques, adopter des gestes simples avant, pendant et après la session, c’est prolonger non seulement sa vision, mais aussi le plaisir de surfer longtemps et en pleine forme.

Comme pour l’entraînement physique, la protection oculaire doit devenir un réflexe, au même titre que la crème solaire ou la combinaison.

(Crédit photos: http://www.freepik.com)

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